par Laetitia | Avr 27, 2018 | Lire
« Ce n’est pas de la littérature ». C’est une phrase que j’ai entendue ou lue plusieurs fois à propos du dernier roman de Joël Dicker. Comme si certains détenaient une définition universelle du genre et étaient capables de classer les livres : celui-ci, oui ; celui-là, non.
Selon le Larousse, la littérature est « l’ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique ». Me voilà bien avancée. Qui donc est ce « on » ? Qui donc peut juger qu’un livre possède ou non « une finalité esthétique » ? Une telle définition multiplie les débats plutôt que de les trancher.
Alors j’ai préféré m’interroger sur ce qui me faisait aimer un livre et ai identifié trois raisons majeures :
- Le style de l’auteur me séduit (et là, c’est très subjectif…) ;
- L’auteur possède le don de raconter les histoires (ce n’est pas si courant) ;
- L’auteur maîtrise les deux aspects, il captive avec ses intrigues et charme par son style (là ça devient rare, mais quand je tombe sur de tels livres, ce n’est rien de moins qu’un enchantement).
Lire un classique où l’on s’ennuie, où l’on peine à suivre les circonvolutions de phrases qui n’amènent nulle part ? Très peu pour moi. S’il faut vraiment choisir, j’opte pour les histoires.
Celles que raconte Joël Dicker me plaisent et piquent ma curiosité. Elles me plongent dans une atmosphère américaine que j’ai plaisir à retrouver livre après livre. Le romancier a l’incontestable talent de jouer avec les flashbacks sans lasser ni nuire à la compréhension. Pour moi, rien de pire que ces livres qui obligent le lecteur à passer d’une époque à l’autre dans la douleur. Dans les romans de Joël Dicker, curieusement, ces transitions se font sans peine.
J’aime aussi leurs intrigues et le rapport plus ou moins lointain qu’elles ont toujours avec l’écriture et le métier d’écrivain. « La vérité sur l’affaire Harry Québert » était en cela remarquable.
« La disparition de Stéphanie Mailer » ne déroge pas à ces caractéristiques.
Stéphanie Mailer est journaliste et aborde Jesse Rosenberg, policier sur le point d’abandonner son métier : elle a découvert que ce dernier s’est trompé lors de sa toute première enquête, vingt ans plus tôt. A l’époque, Jesse n’a pas arrêté le bon coupable. Et puis Stéphanie Mailer disparaît. L’histoire et le suspense sont lancés.
Pourtant, cette fois, je suis déçue. Ne me faites pas dire ce que je ne pense pas ; je ne regrette pas la lecture. Mais la galerie de personnages que le roman nous propose me laisse perplexe. Comme toujours, ils ont un secret, un passé lourd, parfois inavouable, des faiblesses et des envies. Ils brouillent les pistes ou font avancer l’intrigue. Mais sont-ils crédibles ?
A plusieurs reprises, le roman dérape dans un burlesque qui ne cadre pas avec l’atmosphère des romans de Joël Dicker. Les personnages manquent de nuances. Leurs traits de caractère poussés à l’extrême finissent par agacer et desservir l’intention initiale. Ainsi le portrait du critique littéraire Meta Ostrovski correspond-il parfaitement à l’idée que je me fais de certains extrémistes du monde du livre :
« – Quel est le rôle du critique alors ?
-Etablir la vérité. Permettre à la masse de trier ce qui est bon et ce qui est nul. (…) Nous sommes la police de la vérité intellectuelle. »
Mais l’ego démesuré de l’homme énerve et finit par diluer le message. Dommage.
Et puis, il faut bien l’admettre les phrases sont loin d’être parfaites. Certaines tournures écorchent l’œil. Les éditions de Fallois ont sans doute fait quelques économies à l’étape de correction. Puristes s’abstenir.
Pour autant, l’histoire demeure. Je me suis finalement laissé emporter jusqu’au final que certains disent mauvais, mais que j’ai apprécié. Pas d’enchantement donc, mais un bon moment. Attendons de voir ce que donnera le roman suivant !
Difficulté de lecture : *
Ce livre est pour vous si :
- Vous aimez les polars qui n’en sont pas vraiment ;
- Vous aimez les séries télé américaines ;
- Vous voulez vous faire votre propre opinion plutôt que laisser les critiques décider de ce qu’il faut lire.
Le petit plus : le livre, bien épais, sa couverture colorée. Comme les deux précédents, je le trouve beau.
par Laetitia | Jan 28, 2018 | Lire
Je poursuis mon exploration de la littérature québécoise par ce roman déniché dans une librairie montréalaise et considéré comme un chef d’œuvre du genre.
Nous voici propulsés dans une petite ville du Canada. Macklin ressemble à Thetford Mines ou Asbestos, cités minières du Québec. Les habitations y sont agglutinées autour d’une mine d’amiante qui projette sa poussière grise sur la ville. Avant que l’on n’en reconnaisse les effets néfastes sur les poumons. C’est là que le jeune médecin Alain Dubois choisit de s’installer avec sa nouvelle épouse Madeleine.
Mais ne vous attendez pas à la dénonciation d’une situation sanitaire critique ou une reconnaissance des victimes de l’amiantose, constatations médicales et procès interminable à l’appui. Non. Il s’agit ici de toute autre chose. L’amiante, cette pollution qui tombe en continu sur les êtres et sur les choses n’est que le symbole d’un combat perdu d’avance.
Combat entre la vie et la mort. De la vie à deux face à la liberté. De la liberté face aux conventions sociales. Et elles sont nombreuses, les conventions sociales, dans cette petite ville encastrée dans un décor qui l’isole du reste du monde ! Le couple est considéré avec méfiance. Ici, l’intégration ne va pas de soi, quand bien même se comporterait-on de façon irréprochable.
« Mais ici, les hommes se sentaient forts des limites de leur ville. En somme j’étais venu chercher leur argent ; cela leur donnait presque le droit de déshabiller ma femme. J’évitais de les regarder. »
André Langevin use de la poussière, du froid, de la neige et de la pluie pour créer une ambiance collante et déprimante. D’émotion poisseuse en morne cauchemar, les états d’âme du narrateur suivent les perturbations atmosphériques d’un hiver interminable.
« La neige a presque cessé et le temps est moins froid. J’ai l’âme tiède. »
L’auteur décrit des personnages ambigus, sans clichés ni complaisance. On se réjouirait presque à lire ces portraits qui, d’une façon inédite, expliquent si bien la complexité de l’âme humaine.
« J’ai la voix sifflante et je le regrette parce qu’on ne peut s’irriter contre lui. Il peut tout encaisser sans accuser le coup. Cela doit produire un petit bruit flasque à l’intérieur et c’est tout. Chercher à l’humilier serait vouloir fendre l’eau avec une épée. »
Il faut se laisser envahir par la désolation ambiante, recouvrir par cette poussière cendreuse et porter par l’atmosphère du roman jusqu’à son point final et inattendu.
Difficulté de lecture : ***
Ce livre est pour vous si :
- Vous aimez les tragédies
- Vous aimez les romans psychologiques et les ambiances grises
- Vous aimez la belle écriture
Le petit plus : dans cette nouvelle édition, l’avant-propos offre une analyse de l’œuvre à la fois détaillée et abordable, qui lui apporte un éclairage plein de bon sens.
***
Paru aux éditions Pierre Tisseyre, 2010 (nouvelle édition)
ISBN : 978-2-89633-151-2
182 pages
Prix du Cercle du livre de France en 1960
Littérature québécoise
par Laetitia | Nov 25, 2017 | Lire
J’ai lu le roman parce que j’avais envie de voir le film. Et avant de voir le film, il fallait que je lise le livre. Logique un peu tirée par les cheveux, mais logique quand même. Bref, me voilà à feuilleter les pages du dernier roman de Delphine de Vigan, auteure à succès du moment. Plusieurs de ses œuvres ont en effet été couronnées de prix divers et parfois nommées pour le Goncourt.
Dans le livre qui nous occupe, Delphine la narratrice est écrivain et vient de publier un best-seller racontant l’histoire et les troubles de sa propre mère. Sa vie ressemble donc à s’y méprendre à celle de sa créatrice. Elle doit maintenant s’atteler au roman suivant et cherche l’inspiration. C’est alors qu’elle rencontre L. dont le nom sera toujours désigné par cette simple initiale. L. est une jeune femme brillante et empathique, elle-même impliquée dans le processus d’écriture en tant que prête-plume pour célébrités. C’est le début de ce qui semble être une grande amitié entre filles, mais se transforme insidieusement en manœuvres malsaines et influence toxique. L. a décrété que Delphine devait écrire son « livre caché » qui révèlerait ses secrets les plus intérieurs.
« Il n’y a pas d’écriture que l’écriture de soi. »
C’est là l’occasion d’une nouvelle réflexion sur l’écriture, entamée par Delphine de Vigan dans son précédent roman. Les écrivains doivent-ils se dévoiler et ne parler que d’eux dans leurs œuvres ? N’est-ce pas uniquement les faits réels que recherchent les lecteurs ? Existe-t-il seulement de pures fictions ?
Le personnage principal a le même prénom et exerce le même métier. Comme l’auteure, elle vient d’écrire un livre exposant une part intime de son être sur la place publique. Alors s’agit-il d’une histoire vraie comme le suggère le titre ? Delphine de Vigan a-t-elle réellement rencontré L., s’est-elle retrouvée sous son emprise, et comme son héroïne, peu à peu incapable d’écrire et de poursuivre son travail d’introspection ? Ou bien L. n’est-elle que la métaphore de ce long cheminement entre deux livres ?
Avec beaucoup d’habileté, l’auteure embrouille un lecteur qui semble n’aimer que le Vrai et cherche sans cesse « à le démêler de la fable ». D’ailleurs, il est fort probable qu’après la lecture du roman, vous irez comme moi faire quelques recherches sur Internet pour en avoir le cœur net.
La tension monte à mesure qu’L. renforce son influence sur Delphine la narratrice, qu’elle l’isole de ses proches et anéantit sa confiance en elle.
« Un genre de surmoi sarcastique et sans indulgence avait pris possession de mon esprit. »
Je n’ai pourtant pas classé ce roman dans la catégorie thriller : il ne m’a pas véritablement arraché de frissons. Tenue par son suspense, certes. J’ai passé un excellent moment. Mais il aurait fallu qu’il soit plus concentré, que son style soit plus incisif pour m’empêcher de dormir !
Une autre passionnée de livres me disait récemment qu’elle n’adhérait pas au style de l’auteure. Je comprends cette opinion. Non que la façon d’écrire de Delphine de Vigan soit mauvaise (qui serais-je pour affirmer ça ?), mais elle ne m’embarque pas. Le livre m’a laissé une impression de fouillis comme si les idées étaient déposées les unes à la suite des autres et que la progression vers le final était presque fortuite. Désordre régnant jusque dans les phrases, où les synonymes se juxtaposent sans qu’on y ait fait le ménage pour trouver le mot juste. Peut-être est-ce voulu et cela traduit-il la confusion régnant dans l’esprit de la narratrice ? Après tout, cette dernière se remet à peine de plusieurs mois de manipulation qui l’ont conduite au bord du gouffre. Peut-être. Mais s’il me reste un doute, c’est probablement que l’effet n’est pas parfait.
Quant au film, eh bien, il m’a franchement déçue (il a été réalisé par Roman Polanski, et je précise qu’en aucune manière l’actualité sulfureuse du cinéaste n’a influencé mon opinion). Je m’attendais à ce que la réflexion sur l’écriture soit escamotée, car difficile à traduire en images. Mais j’espérais au moins éprouver ces frissons qui ne m’ont pas saisie à la lecture du livre. Ça n’a pas été le cas, loin s’en faut. Un scenario qui glisse parfois dans l’invraisemblable, une atmosphère étrange mais sans la tension attendue, une L. peu crédible qui prend des allures d’automate. Je suis rarement hostile aux adaptations cinématographiques, mais là, j’aurais mieux fait de rester chez moi à lire un bon vieux roman.
Et maintenant j’ai très envie de vous poser cette question : que cherchez-vous dans les livres, réalité ou fiction ? Un peu des deux peut-être ?
Difficulté de lecture : **
Ce livre est pour vous si :
- Vous vous intéressez à l’écriture
- Vous aimez rencontrer les auteurs dans les salons ou au cours des séances de dédicaces
- Vous aimez les histoires de manipulation
***
Editions JC Lattès, 2015
ISBN : 978-2-7096-4852-3
479 pages
Prix Renaudot et prix Goncourt des lycéens 2015
Littérature française
par Laetitia | Nov 3, 2017 | Lire
Je délaisse la rentrée littéraire actuelle pour puiser dans les années passées et explorer une nouvelle fois les romans de Tatiana de Rosnay. On peut dire que ces derniers sont plutôt variés et se ressemblent peu les uns les autres. Même si certains thèmes reviennent régulièrement.
Tatiana de Rosnay aime les pierres, les lieux emblématiques porteurs d’une histoire forte, catalyseurs d’émotions. Il s’agit ici d’un hôtel de luxe, sur la côté italienne, à l’origine bâti pour abriter les amours stériles d’un pilote et d’une riche héritière. C’est là que choisit de se réfugier Nicolas Kolt, écrivain célèbre et adulé, pour jouir de son récent statut d’auteur à succès.
En jouir ou faire une pause. Pris dans le tourbillon sans fin des interviews, séances de dédicaces et autres autosatisfactions dûment étalées sur les réseaux sociaux, il arrive là plus ou moins incognito et profite de quelques jours pour réfléchir. Son premier roman l’a porté sur le devant de la scène, il lui faut maintenant écrire le second.
Oui mais…
Ecrire n’est pas si simple. Le métier ne se résume pas à quelques après-midi isolés devant un clavier, au jeu de séduction des éditeurs ou aux contrats juteux signés entre deux cocktails. Entre ces pages, Tatiana de Rosnay explore le processus d’écriture, remonte le flot des mots pour revenir à la source des histoires, réelles ou imaginaires, et à ce moment faits de tant d’autres où jaillit l’idée d’un roman. D’où viennent les livres, comment mûrissent-ils dans l’esprit des auteurs ?
Elle visite également la grande galerie des idées reçues attachées aux écrivains, la mascarade de la célébrité, la mince frontière qui sépare parfois l’admirateur du fan en colère, les questions insipides de certains journalistes ou la gloire dangereuse amenée par les critiques littéraires.
« La vie n’est pas une grande tournée littéraire. »
Elle rend hommage à quelques écrivains russes ayant résidé à Saint-Pétersbourg, cette ville où elle-même a quelques racines. Raison pour laquelle elle choisit une encre russe pour nous exposer l’histoire de Nicolas Kolt.
Comme Tatiana de Rosnay, ce dernier se voit un jour forcé de prouver sa nationalité française, ses deux parents étant tous deux nés hors de France. C’est d’ailleurs ce qui lui donne l’idée de son premier roman. Ce qu’il découvre lors de ses démarches administratives change sa vie à jamais. Il plonge dans la noirceur des secrets de famille, de ceux qui influencent une existence par petites touches, sans qu’on s’en doute, et qui, si l’on est chanceux, finissent par éclater au grand jour, laissant à la vie la possibilité de reprendre un cours dévié mais plus naturel.
Il part en quête de son identité, savoir d’où il vient pour être capable de poursuivre sa route. Thème éternel, jamais épuisé.
Le roman est lent, alterne flash-backs et scènes de plage. Jusqu’à un curieux final, un peu forcé peut-être, mais qui permet à Nicolas Kolt de mettre un terme à cette épuisante introspection. Ou peut-être de lui donner un nouveau souffle.
Difficulté de lecture : **
Ce livre est pour vous si :
- Vous vous intéressez au processus d’écriture
- Vous aimez les remises en question
- Vous êtes accro aux réseaux sociaux
Le petit plus : la longue énumération des routines d’écriture d’écrivains célèbres, classiques ou contemporains. C’est savoureux.
***
Editions Héloïse d’Ormesson, 2013 (pour la traduction française)
ISBN : 978-2-253-17754-8
373 pages
Titre original : Russian ink
Traduit de l’anglais par Raymond Clarinard
Littérature franco-anglaise
par Laetitia | Oct 14, 2017 | Lire
Malgré sa jolie couverture, voici un livre que je n’aurais pas eu l’idée de lire si je n’étais tombée, par hasard, sur une vidéo Facebook postée par une grande libraire de ma région. Merci à Catherine de m’avoir donné l’envie d’embarquer pour Haïti. J’ai fait un voyage à la fois instructif et terrifiant.
Mireille est haïtienne mais vit aux Etats-Unis avec son fils et son mari américain. Lors d’une visite à sa famille, en Haïti, elle est enlevée devant la maison de ses parents et sous les yeux de ses proches. Commence alors un long calvaire : treize jours. Pas si long ? Bien sûr que si. Treize jours, c’est suffisant pour bouleverser à jamais l’existence d’une femme, si forte soit-elle.
Si vous pensez lire un polar, détrompez-vous. Il ne s’agit ni d’une enquête, ni de la description horrifique d’évènements brutaux uniquement alignés pour susciter la peur.
Le suspense est là bien sûr. Difficile de lâcher le livre en cours de route. On suit cette femme au long de sa captivité et dans les semaines qui suivent, lorsqu’elle tente de se reconstruire. On s’angoisse en découvrant ce qu’elle subit.
Pourtant le roman va plus loin.
Connaissez-vous Haïti ? Cette île si lointaine où l’on parle Français. Cette île à l’histoire tumultueuse, autrefois objet de nombreuses convoitises, cible des ouragans et des séismes. Ce coin de terre où le paradis et l’enfer se mêlent de manière déroutante.
« il n’y avait aucun autre endroit au monde à la fois si beau et si laid, si plein d’espoir et si désespéré. »
Dans « Treize jours », l’auteur explore les contrastes de son pays d’origine qui est aussi celui de Mireille. Misère et richesse extrêmes se côtoient, fiertés et rancœurs s’affrontent violemment.
Cette île des contraires est elle-même opposée à la vie occidentale menée outre-Atlantique : La prisonnière se remémore les grandes étapes de son existence et confronte les coutumes haïtiennes à ses habitudes américaines.
« Il y a trois Haïti : le pays que les Américains connaissent, les pays que les Haïtiens connaissent et le pays que je croyais connaître. »
Ces différences se retrouvent d’ailleurs au sein même de son couple. Pour l’Européenne que je suis, Mireille l’Haïtienne a parfois des réactions étranges vis-à-vis de son mari l’Américain, et le roman le juge sévèrement. Suis-je dans le vrai, ou simplement influencée par mes propres origines ? Quoi qu’il en soit, je reste infiniment sensible à ce qu’elle vit en tant que femme.
Et c’est là l’autre thème du livre, la condition féminine, quels que soient le contexte et la culture des uns et des autres. Les femmes dirigées, manipulées, violentées, violées, détruites, annihilées. Jamais en totale sécurité dans un monde d’hommes. Souffrances physiques et morales. Atteintes faites au corps et à l’identité. Agressions plus subtiles aussi, lorsque la domination masculine étouffe le féminin. Le roman aborde le sujet d’une façon inédite, par le biais de cette histoire, fiction aux relents de réalité.
Tout cela se mélange en une réflexion extrêmement intéressante propre à élargir le champ de vos idées ! Laissez-vous tenter par ce voyage déstabilisant. Vous en sortirez plus riche.
Difficulté de lecture : **
Ce livre est pour vous si :
- Vous voulez être dépaysé
- Vous aimez les remises en cause, les vôtres et celles des autres
- Vous n’avez pas l’âme trop sensible (pas de scènes d’horreur gratuites, mais une évocation de faits lorsqu’elle est nécessaire. Les épisodes de captivité alternent avec les souvenirs de Mireille, ce qui relâche la tension à point nommé et permet la réflexion)
Le petit plus : si vous êtes anglophone, vous pouvez visiter le site de l’auteur, découvrir ses autres titres et suivre ses billets d’humeur.
http://www.roxanegay.com/writing/
Et voici la vidéo de Catherine, qui m’a donné envie de lire ce livre :
***
Paru aux éditions Denoël, 2017
ISBN : 978.2.207.13594.5
478 pages
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Santiago Artozqui
Titre original : An Untamed State
Littérature américaine