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Et si l’épidémie de Covid-19 n’était qu’un brouillon mal abouti ? Si le pangolin et son virus n’étaient que de timides éclaireurs ? Voilà qu’arrive la Grippe du Requin, autrement plus dévastatrice que tous ses prédécesseurs. Et l’événement prend l’allure de « grand effondrement ». C’est le thème de ce roman, L’Heure du retour, par Christopher M. Hood auteur américain, directeur du cursus d’écriture créative à la Dalton School de New York.

Le grand effondrement

Le virus apparaît en Islande. Une île, donc facile à circonscrire ? En réalité, il ne lui faut que quelques mois pour anéantir plus de 60% de la population mondiale. Une grande loterie. Impossible de distinguer la moindre logique dans les facteurs de survie.

Bill et Pénélope sont bien chanceux : ils en réchappent tous les deux. Mieux, leur fille Hannah survit également, à l’autre bout du pays, sur un campus californien.

Par l’intermédiaire d’une vieille radio, elle leur annonce son ralliement au groupe Revival. Une secte qui lui impose de couper les ponts.

Bill et Pénélope rassemblent quelques ressources, sautent dans leur voiture et abandonnent leur maison : ils vont traverser les États-Unis d’est en ouest pour arracher leur fille au clan des manipulateurs.

Un voyage aussi long que périlleux dans un pays où les anciennes lois n’ont plus cours.

Réagir après l’apocalypse

60% de la population, cela laisse 40% de survivants.
De nombreuses rencontres balisent donc la progression du couple vers l’ouest.

La palette est large, chacun réagissant d’une manière différente à l’anéantissement de ce qu’il ou elle a connu. Le désordre règne, au sein duquel des groupuscules s’organisent, pour le meilleur comme pour le pire.

Faut-il tenter de maintenir ce qui a été ? reconstruire à l’identique ? Ou au contraire, tenter de prendre le pouvoir ? Saisir l’occasion de bâtir un monde meilleur ?

Bâtir un monde meilleur, voilà une noble cause.
Une source de conflits surtout, car tous n’ont pas la même conception d’un tel avenir.

Il y a deux sortes de gens, après une apocalypse. Ceux qui gardent la même voiture, et ceux qui prennent la voiture dont ils ont toujours rêvé.

Le grand reset

Pour les parents, le grand voyage est aussi l’occasion d’explorer leur vie commune, leurs ambitions, leur façon d’être. S’aiment-ils toujours ? Se comprennent-ils seulement ? Comprennent-ils leur propre fille ?

Peut-être que la Grippe du Requin était un bien; Peut-être Dieu avait-il juste enfoncé le bouton *reset* avec son énorme pouce divin.

L’auteur a choisi le point de vue de Bill et ne nous cache aucune de ses réflexions, alors que les kilomètres défilent et que s’enchaînent les péripéties. Mais les pensées de Pénélope restent opaques. Bill et le lecteur ne peuvent que l’observer, inquiets, lorsqu’elle se mure dans un silence impénétrable.

Ce qui m’a porté tout au long du livre ? L’envie de savoir si la famille parviendra à se retrouver, au sens propre comme au figuré.

L’Heure du retour est pour vous si

  • Vous aimez les road trips ;
  • La question du recommencement vous interpelle ;
  • Vous êtes passionné de relations humaines.

***

L’Heure du retour – Christopher M. Hood
ISBN : 978-2-35584-989-3
Éditions : Sonatine pour la traduction française
Date de première publication : 2022
380 pages
Littérature américaine
Traduction : Héloïse Esquié – The Revivalists