Autant vous avertir : tous les éléments de L’Île au rébus ont déjà été largement employés dans d’autres polars. Une île cernée par la tempête, une vieille maison, un meurtre, un suspect tout désigné… En bref, le parfait huis-clos au parfum d’enquête policière. Je dois pourtant dire que ce roman de Peter May est plutôt bien réussi.
Un crime vieux de vingt ans
Enzo Macleod connaît bien la médecine légiste et les scènes de crime. Il s’est mis en tête de résoudre toutes les affaires non élucidées que son ami journaliste Roger Raffin a décrites dans un livre, Assassins sans visage. Le voici donc en Bretagne, sur l’île de Groix, dans la maison d’Adam Killian, assassiné vingt ans plus tôt. Jane, la belle-fille de ce dernier se désespère : tout ce temps, et pas une piste satisfaisante. Rien n’a été bougé dans le bureau de la victime. Il semblerait qu’une étrange énigme y soit dissimulée, attendant peut-être qu’Enzo ne parvienne à la déchiffrer…
« En général, les gens ne voient pas ce qui leur crève les yeux. »
Peter May traite ici un thème intéressant et amène du piquant aux éléments de l’enquête. Cette voix venue du passé, avertissant les hommes d’aujourd’hui et ne manquant pas d’un certain humour quant à sa manière de passer les messages. C’est pourtant un vrai monstre, bien réel et effrayant que l’enquête va peu à peu mettre au jour…
Une ambiance humide propre au mystère
L’île de Groix se trouve au large des côtes bretonnes. Vous me connaissez maintenant, une petite visite sur le web m’a permis d’admirer les paysages et les villages décrits dans le roman. Que les vrais Bretons me pardonnent, je trouve que l’atmosphère de la région y est bien décrite et correspond à l’idée que l’on s’en fait. Il fait froid, la pluie détrempe tout et les pieds s’enfoncent dans l’herbe des falaises. La nuit cache parfois de mauvaises surprises, sans doute les curieux génies des légendes celtes. Besoin de réconfort ? Installez-vous dans l’une des auberges du petit port pour déguster un savoureux whisky au coin du feu. Et lorsque vous sortirez, peut-être serez-vous étonné d’apercevoir le soleil, s’obstinant à tenir sa place dans le climat changeant de Bretagne.
C’est donc une balade dépaysante, offrant un cadre parfait à cette histoire de meurtre…
L’Île au rébus, tome 4 de la série Assassins sans visage
Je ne suis pas une experte des polars et ne connaissais Peter May que de nom. L’Île au rébus m’a donné l’envie d’en savoir plus.
L’auteur est prolifique. Il a écrit plusieurs séries, dont celle que j’évoque ici. Mais la plus connue est sans doute sa trilogie écossaise, plusieurs fois primée, comprenant L’Île des chasseurs d’oiseaux, L’Homme de Lewis, et Le Braconnier du lac perdu. Peter May est d’ailleurs écossais d’origine, même s’il vit aujourd’hui en France.
A n’en pas douter, il se spécialise dans les histoires insulaires et les atmosphères celtes ! Et vous risquez bien de le retrouver rapidement sur ce blog…
Difficulté de lecture : **
Ce livre est pour vous si :
- Vous aimez les polars bien construits ;
- Les « cold cases » (affaires classées) vous intéressent ;
- Vous recherchez un roman prenant pour les vacances.
Le petit plus :
La couverture, une nouvelle fois ! Cette maison en pierre et au toit d’ardoise, cette porte jaune, ce sont elles qui m’ont poussée à acheter le livre !
Vous voulez lire d’autres histoires bizarres se déroulant sur une île ? Je vous propose L’Île de Tôkyô.
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Editions du Rouergue, 2017, pour la traduction française
ISBN : 978-2-8126-1657-0
383 pages
Titre original : Freeze Frame © Peter May, 2009
Traduit de l’anglais par Ariane Bataille
Littérature britannique