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Avez-vous déjà rêvé de changer de vie ? Si vous aviez une seconde chance, que changeriez-vous ? Quitteriez-vous tout ce que vous connaissez pour repartir à zéro ?

Ce sont les questions que nous pose Tonino Benacquista dans son roman « Quelqu’un d’autre ».

D’origine italienne, l’auteur naît et grandit en région parisienne où, à la suite d’études de littérature et de cinéma interrompues, il exerce divers métiers tout en s’essayant à l’écriture. Les premières réussites et prix littéraires ne tardent pas.

Il se définit ainsi : « je suis un raconteur d’histoires, mon matériau, c’est la fiction. » (interview lesoir.be, 2010) Il choisit la forme de son œuvre en fonction de son idée initiale : roman, nouvelle, BD, théâtre, cinéma. Il raconte avec succès, en témoignent les multiples reconnaissances qu’il reçoit au cours de sa carrière.

« Quelqu’un d’autre » n’est pas sa première œuvre, ni même sans doute la plus connue. Mais c’est un petit bijou d’humour et de réflexion sur la vie. Deux quadragénaires se rencontrent par hasard sur un cours de tennis et entament une discussion passionnée autour d’un verre. L’alcool délie les langues et libère des verrous de la raison. Les deux hommes prennent un pari fou : ils s’accordent trois ans pour changer de vie et devenir cet « autre » idéal auquel ils rêvent. « Mon moi rêvé, celui que je n’ai jamais eu le courage de faire naître. » Ils se donnent rendez-vous après ce laps de temps, au même endroit, histoire de faire le point.

« – Il ne tient qu’à nous de partir à la recherche de ce quelqu’un d’autre. Qu’est-ce qu’on risque ?

(…)

… De se perdre en chemin.

C’est un bon début. »

Et c’est en effet le début du suspense. On suit parallèlement ces deux personnages que la rencontre n’a pas laissés indifférents, qui revisitent leur vie pour mieux la remettre en cause. Faire table rase pour repartir à zéro. On se questionne avec eux, on s’inquiète ou on les encourage. Comment et quoi changer ? Son métier, sa famille, son logement, son attitude ? L’un s’invente des jours moins ternes, l’autre tente de chasser une anxiété tenace qui le ronge depuis toujours. Chacun suit son chemin, inattendu. Où ce parcours les mènera-t-il ? Seront-ils au rendez-vous trois ans plus tard, auront-ils trouvé satisfaction ?

C’est un récit savoureux, porté par une belle écriture, toute en images et en fluidité. Il est émaillé de réflexions à la fois drôles et intelligentes, sans prétention ni philosophie de comptoir, mais toujours pleines de finesse.

«  Plus il y aura de gens qui s’exprimeront, qui peindront, qui écriront et qui feront des ronds dans l’eau, et plus nous aurons les moyens de lutter contre l’apocalypse programmée. Tout le monde est artiste, certains ont l’aplomb de le penser plus fort que d’autres. »

« Les arrogants seront serviles un jour. En d’autres termes, plus on marche sur la tête des faibles, plus on est enclin à lécher les bottes des forts. »

Le petit plus : cette partie de tennis qui ouvre le roman et qui est traitée comme une conversation. Une métaphore de haute volée !

Difficulté de lecture : **

Ce livre est pour vous si :

  • Vous êtes travaillé par la crise de milieu de vie !
  • Vous aimez les ambiances intimistes
  • Vous aimez l’humour subtil

***

Paru aux éditions Gallimard en 2002, collection Folio

ISBN : 978-2-07-030102-7

378 pages

Grand Prix RTL-Lire 2002

Littérature française