J’ai rencontré Martine lors d’un week-end « atelier d’écriture » qu’elle avait organisé à Lille, sur le thème du suspense. Tout un programme ! C’était la première fois que je me retrouvais dans un groupe d’une dizaine de personnes, pour écrire et échanger pendant deux jours. Autant dire que j’étais plutôt inquiète. J’espérais que les idées viendraient, que les mots s’accorderaient pour former des textes… lisibles ! Mais Martine sait mettre à l’aise, créer une atmosphère bienveillante et effacer les appréhensions. Pour « une pile de livres », elle a accepté de répondre à quelques questions, et c’est avec beaucoup de plaisir que je vous livre cette interview.
- Pouvez-vous résumer votre parcours ?
J’ai toujours aimé lire et écrire des histoires. Quand j’étais enfant, j’écrivais des pièces de théâtre, je montais des spectacles pour les copines ou j’inventais des contes horrifiques que je leur racontais sur le chemin de l’école… Plus tard, j’ai travaillé dans la presse et la communication, tout en publiant des nouvelles et en écrivant pour le théâtre. Il y a dix ans, j’ai suivi une formation à l’animation chez Aleph Ecriture et j’ai commencé à animer des ateliers : d’abord dans une librairie de mon quartier, puis dans des centres d’animation, en médiathèque, en milieu scolaire… « Alice et les mots »(*) était lancé ! De fil en aiguille, j’ai étendu mon activité que j’exerce aujourd’hui à temps plein.
(*) Nom donné à son site et ses ateliers d’écriture
- A qui s’adressent les ateliers d’écriture que vous animez ?
Mes ateliers sont ouverts à tous ceux qui ont envie d’écrire, que ce soit dans un cadre personnel (loisir ou projet d’écriture) ou professionnel (développer ses compétences en écriture). Les gens y viennent pour écrire mais aussi pour partager des mots, des histoires et des moments avec les autres. Les objectifs des participants sont variés, mais le dénominateur commun c’est bien sûr le désir d’écrire.
Je propose ainsi plusieurs types d’ateliers : l’un est destiné à ceux qui ont un projet d’écriture et veulent se donner les moyens d’aller jusqu’au bout, et pourquoi pas de publier ; un autre à ceux qui veulent écrire pour le plaisir et rien d’autre ; enfin un atelier consacré à la nouvelle pour les amoureux du format court. Parallèlement, je travaille aussi pour des structures qui me demandent soit d’animer des ateliers, soit de former des animateurs.
- En quoi consistent-ils ?
« L’atelier du Manuscrit » est destiné à faire progresser un projet d’écriture : il y a une part de coaching (j’aide les participants à mettre au clair leur désir d’écrire ce projet et à se donner les moyens de le réaliser), et une part de travail sur les textes, en groupe et en individuel. Je relis la production de chacun et propose des outils pour l’améliorer, enfin le groupe tout entier est sollicité à travers des lectures croisées et des échanges toujours fructueux.
« L’Atelier Court et Sans Sucre » est destiné à ceux pour qui écrire est avant tout un loisir. Il propose des séances courtes avec, à chaque fois, une proposition d’écriture différente suivie d’un temps de lecture et d’échange autour des textes.
L’Atelier de la Nouvelle, quant à lui, propose d’explorer la forme de la nouvelle et bien sûr d’en écrire. Cette année, les participants écrivent chez eux des nouvelles qui seront lues et discutées pendant les séances.
J’anime aussi des stages thématiques d’une journée tout au long de l’année : sur le personnage, la structure du récit, les dialogues… ou encore des journées d’écriture créative pour relancer l’inspiration. Je propose également des ateliers par courriel, soit individuels soit en réseau et, à partir de juin, des stages au vert dans un lieu magique en Normandie !
- Quel est votre meilleur souvenir (ou un souvenir amusant, surprenant, émouvant) d’atelier d’écriture ?
Il y en a beaucoup, mais je garde un souvenir ému du tout premier atelier que j’ai animé, lorsque j’ai pris conscience que les gens plaçaient en moi une confiance énorme. Je me suis juré de tout faire pour ne pas les décevoir.
- Que dites-vous à quelqu’un qui a l’envie d’écrire, mais qui n’ose pas ?
J’aime bien citer la phrase de Michel Audiard : Il ne faut pas se demander comment démarrer, il faut le faire. Même mal… L’important, c’est de se lancer ! Quitte à écrire n’importe quoi, la première phrase qui vous vient à l’esprit, puis tirer le fil… Il arrive toujours un moment où « ça décolle ».
- Y a-t-il un livre sur l’art d’écrire que vous aimez conseiller ?
« Ecriture, mémoires d’un métier » de Stephen King, qui se lit comme un roman
- Que lisez-vous ?
Des romans, des nouvelles, des biographies d’auteur, des essais, des livres sur l’écriture, des bandes dessinées et de la poésie…
- Si vous étiez le personnage d’un roman, qui seriez-vous ?
Une sorcière. De celles qui vivent dans la forêt et communiquent avec les animaux, les arbres et les éléments…
- Quel est votre tout premier souvenir d’écriture ?
Je me souviens d’avoir écrit de nombreux feuilletons lorsque j’étais enfant, et des pièces de théâtre que mes ami-e-s et moi-même montions pour faire des spectacles où nous invitions les enfants du quartier… mais le tout premier est vraiment trop loin pour le nommer avec précision !
- Avez-vous des routines d’écriture ?
D’abord je me fais un thé ou un café, je coupe le son du téléphone et la connexion internet, puis je m’assois devant ma feuille ou mon ordi et j’écris. Je peux aussi aller au café où, même chose, je commande un thé ou un café, je coupe le son du téléphone, etc.
- Avez-vous parfois l’angoisse de la page blanche ? Si oui, quel est votre meilleur truc pour la combattre ?
Les jours « sans », je vais faire de longues balades à pied pour m’aérer la tête… en général, ça marche.
- Que souhaitez-vous transmettre par l’écriture ?
Certainement des émotions. Pour le reste, en matière de fiction j’écris le genre d’histoires que j’aime lire… j’aimerais transmettre ainsi le plaisir que j’ai à lire et à écrire.
- Avez-vous des projets d’écriture en cours ?
J’en ai toujours plusieurs sous le coude, c’est pour moi un bon moyen d’éviter l’angoisse de la page blanche ! Quand un projet n’avance pas, je travaille sur un autre. Mais je vais toujours jusqu’au bout.
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Site : https://boitealice2.wordpress.com/
Bibliographie :
Poésie et nouvelles
Elle serait partie, écriture et installation sonore dans le cadre de l’exposition « Concorde » à Avranches (juillet-août 2016)
Princesse qu’on rentre, éditions Mémoire Vivante (Printemps des Poètes 2010)
Dis-moi si ta vie a la couleur de l’ombre, éditions Mémoire Vivante (2004)
La Troisième Sœur, éditions Mémoire Vivante (2002)
Théâtre
Mafia, ma non troppo, Théâtre de Nesles (Paris, 1995), mise en scène Oscar Sisto
Le Petit chaperon rouge ou une nuit à Tokyo, Atelier Bastille (Paris, 1994), mise en scène Lucienne Rousseau
La Forêt des Jours, France Culture (1992), réalisation Anne Lemaître
Autres
Papier, créations et métamorphoses, éditions Larousse /Dessain et Tolra (novembre 2006)
Et des publications dans les revues « Temps », « Incognita », « Midi », « Le Jardin d’Essai », « Le Paresseux »…
J’ai commencé mon aventure littéraire dans un atelier d’écriture sans même savoir où je mettais les pieds. J’ai une grande admiration pour les animatrices (animateurs) d’atelier d’écriture car ce sont des « accoucheurs ». je recommande cette démarche aux personnes qui ont envie de se lancer mais qui n’osent pas. Cette interview donne vraiment envie d’entrer dans cet atelier d’écriture et de faire la connaissance de Martine Paulais. Bonne continuation et bonne réussite à vos stagiaires écrivains.
Sans compter que les ateliers de Martine sont toujours conviviaux. On finit toujours par boire du thé et parler lecture !