Un tilleul n’est pas un peuplier – Jacqueline Dewerdt-Ogil
Notre époque a cela de merveilleux qu’elle permet de rencontrer les auteurs de romans. Alors me voilà, un vendredi soir, en plein cœur du vieux Lille, pour la présentation du roman « Un tilleul n’est pas un peuplier », par Jacqueline Dewerdt-Ogil elle-même. C’est la fin d’une journée de printemps et l’ambiance est conviviale.
L’auteure nous parle de son parcours : ateliers d’écriture (nous avons ceci de commun que nous suivons les conseils avisés de Martine), concours et recueils de nouvelles, et enfin, ce premier roman à la couverture et au titre singuliers.
Puis vient la lecture de quelques passages bien choisis. Jacqueline Dewerdt-Ogil est bonne comédienne : elle donne vie à ses personnages, suscite l’envie de mieux les connaître, pousse à placer son livre en haut de votre pile à lire. C’est ce que j’ai fait. Belle découverte.
Jean est un jeune retraité, un peu perdu depuis son divorce. Jeanine l’a quitté après quarante ans de vie commune. Désœuvré, il se tourne vers son passé, revisite le village de son enfance, erre dans les rues, à la recherche de… il ne sait pas vraiment. Et Thérèse apparaît soudain sur un bout de trottoir, à peine aperçue, aussitôt disparue. Est-ce bien sa demi-sœur qu’il vient de voir, cette femme avec qui il a peu de souvenirs communs et qu’il n’a pas côtoyée depuis des décennies ? La question devient obsession : il faut désormais qu’il la retrouve.
Le décor est planté. Le frère recherche la sœur, et à travers elle tente de comprendre quelques pans obscurs de son enfance. Il n’est pas né français, mais de parents étrangers. Le mystère plane sur les origines de la famille, quelques souvenirs troubles reviennent le hanter.
« Tout cacher, que personne ne sache rien. Et que le fils se débrouille avec ses cauchemars. »
L’auteure aborde le double thème de la migration et des secrets familiaux. Reconstituer l’arbre généalogique, ajouter des dates et des noms. Les bons lieux également. Où chercher lorsque l’on est français, mais considéré comme étranger ? Pas si simple. Et pourtant, comment continuer à vivre, construire et avancer quand le doute subsiste ?
« Sans savoir d’où il venait, il ne pouvait aller nulle part. »
Jean s’obstine, à la recherche d’une Thérèse introuvable et d’un passé qui se dérobe. Peu à peu le lecteur se prend au jeu et ne demande qu’à comprendre.
C’est une quête baignée de l’atmosphère si particulière des régions du Nord. Vous entendrez le patois picard entre ces pages et vous amuserez de la chaleur des estaminets. Un voyage initiatique, à la fois local et lointain, servi par une très jolie plume. Un suspense lent mais prenant. Un roman comme je les aime.
A lire également sur le blog :
Sur le thème de la recherche d’identité et des secrets de famille, « A l’encre russe », de Tatiana de Rosnay.
Sur la région du Nord et ses mystères, « La créature des 7 vallées », de Philippe Bialek.
Difficulté de lecture : **
Ce livre est pour vous si :
- Vous aimez les histoires simples, mais pas tant que ça
- Vous aimez les ambiances de terroir
- Vous voulez lire un premier roman de qualité (et j’espère qu’il sera suivi de nombreux autres !)
Le petit plus : un aspect de l’histoire de France (et d’ailleurs) que l’on connaît mal. De quoi réfléchir aux événements actuels…
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Zonaires éditions, 2018
ISBN : 979-10-94810-13-2
280 pages
Littérature française