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Oser écrire : votre prochain défi ?

L’écriture… Une invention majeure dans l’histoire de l’humanité. Elle a pris différentes formes au fil des âges, des points, des traits, des dessins, de longues phrases proustiennes. Elle semble finalement être tombée en désuétude à l’ère de l’image que nous traversons aujourd’hui. Les vidéos d’amateurs et de professionnels fleurissent sur la toile, les fautes d’orthographe colonisent les médias et nos jeunes ont inventé leur propre langage, tout en consonnes et émoticônes. Oser écrire pour soi ou pour les autres est devenu un véritable défi.

Et pourtant…

En 2012, à quarante ans tout ronds, je tombe sur un article de journal annonçant un concours de nouvelles local. Allez donc savoir ce qui me passe par la tête ce jour là : je décide de tenter ma chance. Mon dernier écrit « créatif » date du collège, une bonne vieille rédaction… Pendant quelques jours, je tape frénétiquement sur mon clavier et finis par produire une histoire longue de quelques pages. Le plus difficile reste à faire : sortir de l’ombre. Mon mari est le premier cobaye. Il se concentre et commence à lire. J’ai l’impression de passer le pire examen de ma vie. Puis le verdict tombe : « ben, elle est bien, ta nouvelle, il faut que tu l’envoies ! » Soulagement. Il ne s’est pas moqué. Le ciel ne m’est pas tombé sur la tête et la terre continue de tourner.

C’est le début de mon modeste chemin dans l’écriture : concours de nouvelles, ateliers d’écriture, formation d’écrivain public, biographie de mes grands-parents, et puis… Une Pile de Livres, mon plaisir quotidien.

Depuis que j’en parle autour de moi, je réalise à quel point je ne suis pas seule ! Il existe un nombre insoupçonné d’écrivains amateurs autour de nous. Les éditeurs reçoivent des centaines, des milliers de manuscrits chaque année. L’auto édition a permis de concrétiser de nombreux rêves. Et puis, il y a tous ceux qui y pensent, sans vraiment oser écrire. Qui disent ne pas pouvoir, ne pas savoir. Pour beaucoup, l’Ecrivain reste perché sur un piédestal inaccessible.

Oser écrire : trois bonnes raisons 

Tout le monde a le droit d’écrire

Bien sûr ! Pas besoin de diplôme ni d’autorisation. Vous avez le droit d’écrire, avec ou sans style, selon les règles de l’académie française, ou bien les vôtres. Les romans de gare ont leur public. Les prix Goncourt aussi. Je me suis beaucoup décontractée lorsque j’ai réalisé qu’une phrase pouvait être imparfaite et jolie. Que je ne recevrais aucune amende pour avoir utilisé le mauvais adjectif ou malmené la ponctuation. Oubliez donc votre ancien prof de Français. Il avait son rôle à jouer (vous donner quelques bases), maintenant vous pouvez vivre votre vie.

Tout le monde a le droit d’écrire, donc. Et personne n’est forcé de vous lire. Ҫa rassure, pas vrai ?

Pas besoin d’écrire un roman

Les Français ont tendance à penser qu’en dehors du roman, point de salut ! Il existe pourtant bien d’autres formes d’écriture, plus accessibles. J’ai déjà mentionné les nouvelles, ces textes courts finement ciselés, offrant souvent une chute improbable, où la qualité prime sur la quantité. Ôtez-vous donc de la tête qu’écrire est forcément un exercice au long cours, qui vous isolera de votre famille pendant des mois et nécessite de connaître tous les usages et les schémas de narration.

Vous pourriez y prendre goût

Je parle en connaissance de cause ! Ecrire permet de s’évader, imaginer le monde tel que vous voudriez qu’il soit, libérer sa créativité, sauvegarder ce que vous avez dans la tête, parler de votre vie ou celle de vos proches, transmettre des connaissances ou un savoir-faire, régler ses comptes parfois, avec les autres et avec soi-même (thérapie douce et gratuite). L’écriture est une cousine proche de la lecture. Sauf que dans ce cas, vous êtes seul maître du jeu.

Oser écrire, c’est aussi embarquer pour l’aventure.

Oser écrire : un défi pour beaucoup

Par où commencer pour enfin oser écrire ?

Vous pouvez bien sûr écrire pour vous-même, tenir un blog ou un journal, écrire sur écran, dans un cahier ou sur des feuilles volantes. Conserver précieusement vos jolies phrases ou bien les brûler.

Vous pouvez aussi décider de vous exposer. Un peu. Pour progresser. C’est à ça que servent les ateliers d’écriture.

En quoi consistent-ils ?

Le principe est toujours le même : un animateur vous propose un sujet, plus ou moins contraignant. Les participants écrivent pendant un temps défini à l’avance. Puis chacun lit son texte (il est toujours possible de passer son tour, rien n’étant imposé !) L’animateur et les participants font des retours sur ce qu’ils ont entendu : ce qui leur a plu, ce qui n’a pas fonctionné, ce qu’il faudrait modifier. Le maître mot est « bienveillance ». Pas de critique gratuite, l’idée est de progresser et d’échanger.

J’ai testé plusieurs formules (pour trouver les ateliers, renseignez-vous dans votre commune ou sur Internet ; vous verrez qu’il en existe plus que vous ne croyez). Voici ce que j’en ai pensé :

L’atelier fait par des amateurs pour des amateurs

Pour résumer, il s’agit de quelques amis ou passionnés qui se retrouvent pour écrire. Quelqu’un joue le rôle de l’animateur, si possible une personne ayant déjà pratiqué l’exercice. C’est sans doute l’idéal pour commencer et se décomplexer. Pas de professionnel dans la salle, donc nul besoin de se sentir « mauvais » ou simplement « moins bon ». Les sujets restent simples, piochés dans des livres spécialisés ou imaginés au gré des envies. Quelques idées : prendre un dictionnaire, choisir au hasard un verbe, un métier, un lieu, une période, un objet et écrire une histoire comportant ces quelques mots. Poser sur la table une douzaine de livres de poche, puis écrire à partir d’une couverture et d’un titre plus inspirants que les autres. Rien d’extraordinaire ou de très théorique !

Les limites : si cette forme d’atelier est parfaite pour se lancer et oser écrire quand on n’en a pas l’habitude, elle ne permet pas vraiment de s’améliorer. Les retours sont souvent très succincts, les participants ne peuvent pas toujours expliquer pourquoi ils aiment, et la plupart du temps se taisent quand ils aiment moins. Difficile de progresser.

L’atelier d’écriture animé par un professionnel

Pour moi, ce fut l’étape suivante et peut-être la plus difficile. Il s’agissait de faire la même chose que dans mon petit groupe d’amateurs, mais sous l’œil d’un professionnel et par conséquent, avec des participants dont le niveau était sensiblement plus élevé. Dans ces conditions, oser écrire puis lire son texte est plus douloureux. Je m’entends encore préciser d’une voix embarrassée « je ne suis qu’une débutante » avant de bredouiller mes alignements de mots… Pourtant, une fois passé ce moment difficile, écouter les conseils et les productions des autres participants, ainsi que les retours de l’animateur peut s’avérer très utile. Vous commencez à entrevoir la mécanique de l’écriture. Vous comprenez ce qui fonctionne et ce qu’il faut supprimer ou modifier. Bref, vous vous améliorez. Les sujets sont également plus complexes et abordent différents types d’écriture. Le premier atelier auquel j’ai participé s’intitulait « la nouvelle à suspense ». Comment faire monter la tension dans un récit ? Tout un art ! Il faut balayer large et tester plusieurs types d’écrits : vous pourriez être étonné en aimant écrire dans des genres auxquels vous n’aviez pas pensé.

Il existe de nombreuses formules, notamment des ateliers réservés aux débutants, il suffit donc de choisir celle qui vous correspond !

Les limites : la logistique ! Il faut être disponible aux dates et heures des rencontres. Certaines sont organisées sur un week-end, ou plusieurs soirées à intervalles réguliers. Il faut pouvoir se déplacer et les ateliers sérieux ont souvent lieu dans les grandes villes. Par ailleurs, le fait d’être dans un groupe apporte beaucoup au niveau de l’échange (vous pourriez faire de belles rencontres, littéraires et amicales), mais cela laisse moins de temps à l’animateur pour commenter vos productions.

L’atelier d’écriture par e-mail

Cette formule est intéressante quand on n’a ni le temps, ni la possibilité de se déplacer. L’animateur vous envoie une proposition d’écriture et vous avez une semaine pour pondre votre texte. Puis vous l’envoyez et recevez en retour celui des autres participants. La semaine qui suit, vous les lisez et transmettez vos propres commentaires et impressions de lecture. L’avantage est que vous n’êtes pas forcé d’écrire sur le vif. Si comme moi, votre imagination n’est pas débordante, cela vous laisse quelques jours pour trouver l’idée géniale qui enthousiasmera les foules. Pas besoin non plus de lire vos lignes à haute voix devant une assemblée. Vous ne voyez pas la tête des participants lorsqu’ils découvrent votre prose. Très bien pour les complexés, ceux pour qui oser écrire est même plus qu’un défi ! Les retours sont enfin plus développés puisqu’ils se font par écrit. Vous découvrez que les lecteurs sont tous différents. C’est même amusant de constater à quel point un texte plaît à l’un, et laisse l’autre de marbre !

Les limites : l’absence d’échanges directs bien sûr ! Cette forme d’atelier est moins conviviale. Vous le trouverez parfois trop lent et il faut dénicher l’animateur qui vous convienne dans le cas de formules longues, sur plusieurs semaines.

Les exercices d’écriture par les livres

Dans ce cas, aucune contrainte ! Vous suivez les instructions du livre au moment qui vous convient et pouvez sauter les sujets qui ne vous inspirent pas. Les exemples donnés dans ce genre d’ouvrages sont toujours intéressants et instructifs. Deux livres que j’apprécie :

Des exercices très variés, que l'on soit ou non débutant

Ecrire, Un plaisir à la portée de tous (Faly Stachak) – Editions Eyrolles : des exercices très variés, que l’on soit ou non débutant. Idéal pour enfin oser écrire !

Libérer son écriture et enrichir son style (Pascal Perrat) – Victoires Editions – L’auteur vous apprendra à éviter les platitudes et les clichés. A écrire autrement que dans le style très convenu des journalistes médiocres.

Les limites : sans surprise, l’absence de retours et le fait que personne ne vous pousse à écrire. Les livres peuvent rapidement finir sur une étagère et prendre la poussière. Par ailleurs, éviter les sujets qui ne vous plaisent pas ne vous fera pas progresser.

Le stage d’écriture en individuel

Vous passez un ou plusieurs jours en tête à tête avec un professionnel pour écrire, vous améliorer et discuter de vos projets d’écriture. Je viens d’expérimenter cette formule : deux jours en Normandie avec Martine Paulais. Accueil chaleureux, cadre reposant, ambiance calme et studieuse. Je recommande ! Pour que le stage soit efficace, il faut avoir déjà pratiqué les ateliers d’écriture classiques et vouloir écrire de façon soutenue et régulière. Si votre profil correspond, le stage est l’occasion unique de discuter avec un professionnel et lui poser toutes les questions qui vous préoccupent au sujet de votre style. Vous pouvez échanger sur vos lectures et, si le courant passe, sur n’importe quel sujet ! Croyez-moi, j’avais la langue bien sèche après deux jours…

D’autre part, vous ne vous en tirerez pas sans écrire… Angoisse de la page blanche ou grosse flemme n’ont pas leur place dans ce stage. Ce peut être un bon moyen de repousser vos limites, exprimer vos envies ou vos peurs, mettre à jour les projets qui mûrissent parfois dans votre esprit sans que vous en soyez conscient.

Les limites : il faut se déplacer et dégager du temps. Le coût est conséquent (se le faire offrir pour son anniversaire ?) Et lorsque vous vivez une expérience aussi intense liée à l’une de vos passions, il se crée comme un vide les jours qui suivent. A vous de le transformer en furieuse envie de continuer à écrire…

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Il existe bien d’autres solutions pour enfin oser écrire et s’améliorer, et Internet offre de formidables opportunités. Autant de prétextes pour de futurs articles. Mais dites-moi, avez-vous déjà écrit ? Avez-vous envie d’écrire sans le dire ? Sans même le savoir ? Vous pouvez commencer là, tout de suite, dans les commentaires ! Osez !